Once Upon a Time: Au commencement il y eu l'école

Publié le par Raven

bully

Comme ces derniers temps je pense faire une dépression (oui pas de changement depuis le dernier billet) je pense qu'il est temps de chercher une solution. Un psy n'était pas possible parce que j'en connais aucun et que je ne pense pas en trouver qui me convienne, ce blog fera très bien l'affaire.

 

Par où commencer alors ? Et bien par le commencement, parfois quand je tente de me rappeler de très vieux souvenirs, je m'aperçois souvent d'un détail qui n'apparaissait pas avant, c'est souvent instructif, je suppose que c'est précisément le principe de l'exercice.

Alors voilà, il était une fois moi:

 

Je suis née dans une famille malheureuse, je pense que c'est le cas de nombreuse personne parce qu'une famille heureuse n'existe pas, il y a toujours dans notre vie des faits profondément douloureux tout comme il y en a des joyeux. Mais j'avoue qu'en cette année 1982 les choses étaient vraiment au fond du trou pour ma mère, son père venait de s'immoler par le feu probablement par regret sur l'enfer qu'il avait infligé à ses 14 enfants.

Néanmoins j'étais très attendue, petite fille après deux garçons, j'ai eu droit à ce qu'on pouvait rêver de mieux pour une enfant, grande chambre, jouet, amour des parents, je n'avais pas de grands-parents à proprement parler mais une marraine comme dans les contes de fée.

 

Déjà petite je demandais beaucoup d'attention, je pense que ce trait de caractère est né à cause de mes deux turbulents frères que l'on devait constamment surveiller. Comme ils étaient plus grands de 5 ans, j'ai également toujours œuvré pour me hisser à leur niveau, j'ai donc supplié qu'on m'envoi à l'école à l'âge de 2 ans (ce qui était possible à l'époque)

De ces années je me rappelle des détails amusants, par exemple quand j'ai appris à faire un triangle, c'est banal mais je me souviens du moment exact, de la sensation que cela m'a fait de comprendre comment trois traits formaient cette forme si particulière (pour faire des robes de princesse dans les dessins :D )
Je me souviens aussi d'un exercice de musique que j'ai raté, des cours de danse classique après l'école (mes parents ayant eu à cœur de m'inculquer le sport et la musique).

 

Me suis-je sentie "spéciale" à un moment ? Non pas si jeune, et du coté des autres enfants rien ne m'était apparu comme tel, il faudra attendre ma dernière année de maternelle, en début d'après-midi, on nous a demandé un exercice simple, il fallait colorier un œuf. Voilà c'était tout, je ne me souviens pas qu'on nous ait donné plus de détails et pourtant, à l'époque, j'ai compris un truc, ceux qui le coloriaient sans dépasser seraient considérés comme "intelligents" et les autres comme normaux. Etait-ce vraiment un test pour dépister les enfants plus avancés que les autres ? Je l'ignore aujourd'hui, mais l'année suivante, au CP j'ai confirmé l'importance de ces tests.

 

Le premier jour, le professeur a demandé qui savait déjà lire, ce n'était pas mon cas, mais j'ai quand même levé le doigt, là encore je me souviens parfaitement de mon état d'esprit, l'envie de briller surement, ce besoin d'attention. A l'époque je ne faisais rien pour cacher mes capacités d'apprentissage, d'ailleurs je n'avais pas encore remarqué de différence. J'ignore quand tout à commencé, j'ai des souvenirs dans les classes suivantes ou forcément je suis assez dissipée, sage certes mais excessivement bavarde.

 

Quand est-ce que cela a commencé ? Le regard des gens qui changent, les professeurs qui ne savent plus quoi faire de moi, les adultes qui se méfient, l'isolation, les moqueries. Mes voisins de classe avaient fabriqué un petit panneau de sens interdit avec écrit "interdit aux Raven" (remplacez Raven par mon prénom bien sur). Sur le moment je ne comprenais pas cette attitude, des filles que je connaissais racontaient des mensonges à mon sujet même devant moi. J'ai commencé à être violente, pas la violence aveugle, j'attendais des prétextes qui me lavent de tout soupçons, je fus assez garçon manquée à cette époque et cela me convenait.

 

On pourrait croire que c'est le milieu scolaire qui a provoqué cela, mais même en colonie de vacances, alors que j'arrivais dans des chambres de 4/5 filles dont j'ignorais tout, je devenais forcément la bête noire, celle dont on se moquait, même si les raisons étaient risibles.

Je vous vois venir, qui sème le vent récolte la tempête, je devais forcément faire quelque chose pour cela. Forcément ? N'ais-je pas retourner la question dans ma tête un millier de fois à l'époque ?
J'avais une capacité inavouée, et totalement non assumée, celle d'avoir du charisme, celle d'attirer les gens, implicitement celle d'être surdouée, et les fortes têtes ne pouvaient pas encadrer ça. J'aurais du me battre pour cette position, mais c'était déjà trop tard. Ne comprenant pas ce qui se passait, je préférais ramper plus bas, me faire toute petite et au moindre éclat non désiré, j’en payais cher le prix.

 

Je suis devenue solitaire, discrète, les gens ont fini par me craindre, j'étais devenue "différente" des autres, le clou qui dépassait que ni enfants, ni parents ni professeurs n'avaient envie de s'embarrasser à comprendre. Comment je me voyais moi même ? Ni différente des autres, ni pire ni meilleure, je ne comprenais pas bien pourquoi j'étais l'étrangère, mais c'était le cas, et je m'étais résignée dans ce rôle. Mes parents n'en n'ont jamais rien su.
Quand à mes notes elles n'ont jamais brillées ni été catastrophiques, il faudra attendre l'apogée de mon ostracisme en CM2, sans personne a qui parler, j'ai enfin daigné regarder mes livres, j'ai dépassé toutes les espérances sans que cela ne me procure ni joie ni rien, cela me semblait aussi naturel et facile qu'avant.

 

En changeant d'école je n'espérais rien, le collège ne pouvait être qu'une réplique de mes années passées. Les seuls auquel je pensais en partant c'était les cuisinières et l'aide maternelle que j'avais pris l'habitude d'aider en faisant la vaisselle, en rangeant, bref en m'occupant le plus possible. La suite me donnera raison, mais c'est une roue vicieuse, en restant dans mon coin sans doute m'a-t-on pris pour une originale, puis les groupes de filles, les reines de classe ont eu pour jeu de m'avoir comme cible.

 

Mon esprit cynique et mon répondant, je le dois à des années de pratiques intensives :D

Je ne cherche surtout pas la pitié ou tout autre forme d'apitoiement, c'était ainsi, j'ai appris à ignorer le regard des autres, à vivre ma vie comme je l'entendais, à éviter de laisser mes sacs en cours aussi et à vérifier ma chaise avant de m'assoir ...

Malgré tout j'ai réussi a me faires des amies, des outcast comme moi, elles n'étaient pas dans ma classe mais ensemble nous avons vécu de très belles choses et aujourd'hui encore nous nous voyons.

 

Au collège je n'avais pas encore conscience de ce qui me rendait "différente" aux yeux des autres, en cinquième la principal a appelé mes parents pour savoir s'ils ne divorçaient pas, ce qui aurait pu être l'explication de mon mal être et de mon isolation des autres. Avec mes parents, à ce moment là nous avions une relation normale, mon père travaillait beaucoup, ma mère était très a cheval sur mes études.

 

Il faudra attendre la troisième, je me vois encore dans le salon a proclamer que je devais être un génie devant mes parents sur le ton de la plaisanterie. La raison de cette annonce ? Je venais enfin de remarquer que je comprenais plus vite que les autres, surtout en maths, les très bonnes notes pleuvaient et je n'avais que cette explication pour ça.
Bien sur on en a rigolé avec mes parents, et on ne l'a plus jamais mentionné.
Je dois appuyer sur le fait que cette année là a été une accalmie pour moi, je suis tombée sur une classe ou il y avait les fortes têtes de d’habitude, mais dans le sens cancre et non petites filles modèles. Du coup on me fichait la paix :D
Il faut croire que cela a eu un effet sur mes études.

 

Néanmoins je dois reconnaître une chose, les « bonnes notes » ne m’ont jamais paru comme satisfaisantes, je n’étais ni surprise ni rien, j’avais des bonnes notes comme des moins bonnes, je travaillais de manière égal. Je crois que tout cela me passait au dessus, je ne travaillais pas pour moi, je le faisais parce que c’était écrit dans le cahier, je ne m’appliquais pas à retenir, à apprendre. Je regrette cela aujourd’hui, de ne pas avoir compris à quoi tout cela servait, pour moi l’école ce n’était pas représentatif des études, mais d’un milieu social qui ne me convenait pas et dans lequel je devais survivre.

 

Je suis devenue une adolescente très indépendante, mes camarades de classe successifs ne me réservaient plus de surprise, je m’étais faite à l'idée que, où que j'aille, je deviendrais la tête de turc et avec le temps j'avais appris à me défendre autrement qu'avec la violence, mais mes mots faisaient bien plus mal. C'est à cette période que j'ai compris le poids des mots, l'importance de leur choix.

J'ai changé d'école, j'ai tout plaqué pour ainsi dire, l'année de mes 16 ans, j'ai décidé de vivre.

to be continued

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J
<br /> Bonjour Raven,<br /> <br /> <br /> Sache avant tout que dans ce choix que tu as fait de te livrer tu peux compter sur mon modeste soutien, si je peux t'être utile en quelques manières pour rendre la traversé de ces moments sombres<br /> et délicats.<br /> <br /> <br /> La dépression, paradoxalement, peut-être une très grande chance au-delà de ses aspects désagréable et douloureux ; Si on l'a traversé accompagné d'un témoin lucide et sensible qui est capable de<br /> nous donner les éléments et les outils pour que nous puissions dégager par nous-mêmes les " unités de sens " ou dit autrement : Dégager les moments qui font sens dans ce que fut notre histoire<br /> passée et surtout notre enfance.<br /> <br /> <br /> Ce témoin lucide qui pourra t'accompagner partout et te donner de nombreuses clefs pour mieux te comprendre n'est autre qu'un livre ! Un livre quelquefois peut merveilleusement remplacer un psy et<br /> ce à bon prix et nous apporter plus de lumière pour un prix bien inférieur et avec le risque en moins d'être face à quelqu'un qui ne nous comprendra pas ou cherchera à nous faire rentrer dans ses<br /> théories, etc., etc.<br /> <br /> <br /> C'est pourquoi je ne peux que te recommander chaleureusement la lecture des livres d'Alice Miller et plus particulièrement celui-ci : Le drame de l'enfant doué, a la recherche du vrai Soi.<br /> <br /> <br /> C'est un livre de pas plus de 104 pages, mais qui peut avoir une influence très très positive pour la suite de ce qui est à venir...<br /> <br /> <br /> Deux autres livres qui pourront t'intéresser ? " Vies privées " et " A corps et à cris " de Caroline Eliacheff.<br /> <br /> <br /> Voilà, j'espère que ces lectures t'apporteront beaucoup de bien ?<br /> <br /> <br /> Je te laisse comme à mon habitude sur un clip musical... J'ai choisi cette artiste surtout pour l'intensité émotionelle de ses chansons…<br /> <br /> <br /> Voici deux que j'affectionne particulièrement :<br /> <br /> Someone Like You :<br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=il-NdjTtUAI<br /> <br /> et Rolling In The Deep :<br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=rYEDA3JcQqw&ob=av3e<br /> <br /> <br /> Allez, chère Raven, prend soin de toi et sache que tu as fait le bon choix ! Le choix d'évoluer vers un plus d'humanité et de profondeur...<br /> <br /> <br /> Bien à toi,<br /> <br /> <br /> Julien880<br /> <br /> <br /> P.-s.: Dans un autre registre, j'aime aussi bcp celle-ci :<br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=3rjSs0tgX44&feature=autoplay&list=MLGxdCwVVULXdmaaKXNA4tHJOHj7ks5Yff&index=6&playnext=4<br /> <br /> <br /> Allez savoir pourquoi ? ;-)<br /> <br /> <br />
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