Le meilleur des mondes

Publié le par Raven

Hier je suis allée voir simultanément mon nouveau neveu et ma nouvelle nièce, deux tous petits êtres qui s'éveillent à la vie tandis que celle d'un de mes clients s'éteignait sur une autoroute lors d'une rupture d'anévrisme.
Non ne partez pas, je ne compte pas monologuer sur la vie et la mort :) en fait en voyant ces deux enfants je me suis dit qu'ils allaient grandir dans des environnements complètement différents, l'un aura probablement toutes les chances de son coté, et l'autre beaucoup moins.

C'est un constat, mon frère vit très aisément, c'est un artiste dans l'âme, on pourra largement l'embaucher dans une publicité pour le rêve américain si celui-ci existait encore. Je le soupçonne d'être un zèbre lui aussi, après tout il a toujours été d'une large intelligence dans tout ce qu'il a entrepris. Il est à l'écoute de son enfant, tente de le comprendre malgré ses quelques mois (oui encore un papa poule ^^).
De l'autre coté, ma belle sœur et son mari sont ... bien moins lotis, ils vivent chez les parents de celui-ci et font des enfants comme d'autres font des gâteaux. C'est leur deuxième et une fois encore ils n'avaient aucune idée du prénom quand la sage femme leur a demandé. Oui désolée pour moi c'est assez blessant, non pas d'hésiter encore, mais de juste n'y avoir jamais songé. C'est comme si l'enfant n'existait qu'une fois venu au monde, et là encore, ils ne s'en occupent pas, enfin pas vraiment, ils ont le statut de jouets, faut dire les parents sont de grands enfants incapables d'individualité (je précise ils ont près de 30 ans)

Là encore ce n'est pas une insulte, juste un constat, est-ce que ça fera des enfants malheureux pour autant ? Non probablement pas, tant qu'on les aime, mais je pense qu'ils ne pourront pas s'épanouir à leur rythme parce qu'un jour peut être leur pensée va dépasser celle de leurs parents. Ce sont des gens simples comme il en existe tant, gentils, mais qui n'ont aucune idée de qui est Mozart ou n'ont jamais vu un film l'Almodovar (heu moi non plus, mais c'est une autre histoire :D)

J'ai pris un exemple de gens simples face à un enfant qui sera, lui, normal, mais si on prend un cran au dessus, je pense surtout à la majorité des parents dans la norme qui ont un enfant surdoué, c'est quand même faire face à une sacré inconnue. D'un coté on ignore totalement comment son enfant fonctionne mais en plus on ignore ce qui est bon pour lui et ça ne devrait pas s'arranger en grandissant.
Il n'y a qu'à voir les forums de douance, les parents envahissent littéralement l'espace, autant d'appel à l'aide sur le "que faire ?" bon il y a également pas mal de psychose sur "mon enfant marche a 11 mois c'est un surdoué !!!".
Voilà donc un peu mon cheminement depuis hier, mon neveu n'a que 6 mois, qu'en sais-je s'il est surdoué je n'en suis pas a guetter le moindre signe, mais et s'il l'était ?
Je m'en fais pas trop pour lui car je pense que mon frère sera suffisamment à l'écoute pour suivre son rythme, mais cela doit être déroutant d'être complètement dépasser par son enfant et surtout, que faire de lui par rapport à l'école.

C'est quoi le meilleur des mondes pour un enfant surdoué ? Moi j'ai aimé mon enfance, j'ai aimé mon école même avec l'étiquette "monstre" collée sur mon siège au CE2 (sont précoces les mômes et je ne parle pas de moi lol), j'ai de beaux souvenirs, d'autres moins, comme tout le monde. Moi aussi on m'a puni par erreur, moi aussi j'ai dis '"j'te cause plus", moi aussi on m'a isolée parce que différente. C'est surmontable, peut être pas par tous cependant ...
Sur le moment je suis certaine d'avoir eu des moments très pénibles, mais je suis d'autant plus sur d'en avoir eu de merveilleux, et je pense sincèrement que si ma classe avait su que j'étais surdouée, j'me serais fait lyncher sur place.

Alors que faire ? C’est quoi au juste "faire au mieux pour l'enfant" ? C'est vraiment une phrase qui tombe dans le néant car personne n'a la réponse, personne ne sait vraiment ce qui est le mieux pour un enfant surdoué, lui même l'ignore lui plus souvent. J'ai un petit cousin qui est précoce, mais il refuse d'être enfermé entre quatre mur, faut il le forcer à apprendre à lire et à écrire sachant que ça va lui nuire d'une certaine façon ?

Trop de questions tuent la question :)
Je crois qu'il faut simplement arrêter de se prendre la tête, oui moi aussi j’ai eu envie d'une école spécialisée où tous ces enfants s'épanouissent tranquillement, à leur rythme, mais la marginalisation n'a jamais été une bonne chose, le choc du "retour à la réalité" sera probablement trop grand.
Le saut de classe ? J’en ai déjà vu, je n’aurai pas aimé être à leur place, déjà ils ont l'étiquette "surdoué" sur le front mais en plus on guette leurs résultats (prof et élèves), c'est une pression trop grande.

Le meilleur des mondes se trouvent dans la compréhension de la famille, dans l'acceptation de la différence comme une partie intégrante d'un tout et non d'une sorte de particularité qui représente l’enfant. « Surdoué » n’est qu’une manière de définir notre façon de penser, mais on peut être avant tout sportif, artiste, gentil … Il en va de même pour toute différence, que l'on soit d'origine différente, de religion différente, gros, grands, laids, rousse, avec un prénom étrange ou de culture différente. Faire sauter un enfant de classe, le mettre dans une école spécialisée, quelque part c’est graver en son fort intérieur qu’il est surdoué avant tout autre chose. Par contre je ne renie pas que ça peut en aider, mais avant que ses camarade ne le stigmatisent, il est inutile que ses parents le fassent.

Les enfants adoptent l'attitude des parents (et là je vous l'accorde il y a aussi des baffes qui se perdent) c'est à nous de donner à l'enfant les armes nécessaires pour que ça se passe bien.


J'ai hâte de voir grandir ces petits bébés, ils me battront peut être aux échecs, mais peu importe comment ils grandiront, ils pourront compter sur moi pour les aider et les supporter dans tous les choix que la vie les amèneront à prendre.
Vais-je les traiter différemment parce que l'un sera surdoué et l'autre non ? Oui bien sur, tout comme je vais les traiter différemment parce que l'un est un garçon et l'autre une fille.

Je n'ai pas dis qu'il faut noyer la différence dans la normalité, mais qu'il faut la traiter comme toutes les particularités d'un enfant, si votre enfant est passionné de science fiction vous allez lui offrir un livre de SF ou le dernier jouet spatial de Star Trek non ? Et bien votre enfant est surdoué, offrez lui un livre d'énigmes.
Mon souhait c'est que cette particularité devienne ordinaire, qu'on cesse d'en faire toute une montagne comme s'il s'agissait de la 7eme merveille du monde ou au contraire de la pire nouvelle. Mais j’ai bon espoir que la mondialisation contribue à mixer nos prochaines générations, à tel point qu’une différence en effacera bien une autre et nos enfants vont apprendre que ce sont ces particularités qui font la richesse des échanges.


Un jour on dira "Ne vous inquiétez pas, vous n’avez qu'un cancer" il en sera de même pour les parents « pas de soucis, il est juste surdoués » (oui la comparaison peut tomber un peu à plat lol mais j’ai bien aimé la publicité pour la lutte contre le cancer )

ps : Cela dit passant, je crois que les surdoués aiment bien leur monde à eux ou personne ne peut entrer :) ce petit coté élitiste qui pleure que personne ne peut les comprendre, dans beaucoup de surdoué se cache un martyre qui s'ignore lol

Publié dans Au jour le Jour

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I
Bien sûr que le mieux est la compréhension, le soutien de la famille. Ne pas stigmatiser les zèbres, ok, mais quand un enfant s'ennuie en classe, le saut peut être la solution. Et n'est pas nécessairement difficile à vivre. J'ai sauté une classe, ça n'a jamais été un problème. Vraiment pas.
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R
<br /> C'est pourquoi j'ai écrit dans le texte "il y a des cas pour qui ça marche sans probleme"<br /> Mais je pars du principe que déjà un enfant surdoué à souvent quelques problèmes de socialisation et donc cela n'arrange parfois pas du tout les choses.<br /> <br /> Mais il existe aussi des parents qui ont fait un super boulot et qui permettent donc des sauts de classe.<br /> <br /> par contre chuis témoin que y'a pas que les surdoué qui s'ennuient en classe :b<br /> <br /> <br />
O
Bonjour Raven,<br /> <br /> Pour l'avoir vécu, je suis entièrement d'accord avec toi à propos du saut de classe. Dans mon cas, mes parents se sont retrouvés face à une décision à prendre en un week end, quand l'instit leur a dit qu'on m'avait fait voir un psy et que j'étais mûre (blète??) pour passer une classe. Mes parents n'avaient rien demandé et non jamais su ce que j'avais fait avec le psy (test?). Ils ont accepté pensant que c'était ce qu'il y avait de mieux pour moi. <br /> Et j'ai connu ce que tu dis si justement : "déjà ils ont l'étiquette "surdoué" sur le front mais en plus on guette leurs résultats (prof et élèves), c'est une pression trop grande." Et la pression je me la suis mise toute ma vie. Pas droit à l'échec. Cà n'a même pas atténué mon sentiment de décalage, çà l'a même sûrement accentué. <br /> Même encore maintenant je me fais aider par un psy super pour entre autres essayer de me débarrasser de çà. <br /> Bon, il n'y a probablement pas que le saut de classe qui génère cette pression puisque les HPI ont tendance à le faire spontanément. Mais effectivement, le fait d'être officiellement reconnu comme intello à cause du saut de classe ne doit pas arranger la pression, sauf cas particulier d'enfants hyper zens vivant dans une famille leur donnant suffisamment de confiance en eux et de recul. Ce qui n'a malheureusement pas été mon cas!!<br /> <br /> D'accord avec toi aussi sur le fait de ne pas stigmatiser les EIP. <br /> J'ai 2 enfants qui je pense sont des petits zèbres (mon 6ème sens encore) et pas mal de fil à retordre avec le petit. On a essayé de l'emmener voir des psy, sans résultats (ils sont démunis devant lui) et on s'est rendu compte qu'en arrêtant de focaliser la-dessus et en s'adaptant naturellement au quotidien sans chercher le pourquoi du comment de sa énième crise, çà se passait beaucoup mieux. <br /> Ne pas chercher forcément une solution à tous ses comportements différents mais intégrer ses comportements comme faisant partie de lui-même, comme étant sa norme à lui. Et s'adapter. <br /> C'est un sacré challenge qui demande beaucoup d'énergie pour les parents mais au moins on ne s'ennuie pas!
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R
<br /> Ink a écrit son message après mais c'est une juste continuité du tien, si on apprend a un enfant à être lui-même, a avoir confiance en lui et en toutes ses étrangetés, alors il aura la force<br /> nécessaire pour sauter une classe ou avoir un environnement différent.<br /> cependant il faut pour cela des parents très attentifs, ce qui n'est pas toujours évident dans la vie de tous les jours :)<br /> <br /> Mais il est certain qu'il n'existe pas de solution miracle<br /> <br /> <br />